lundi 28 avril 2014

Une histoire de peuple minéral

Quoiqu'on en dise, ces pierres ne nous disent rien.
Elles sont là bien malgré elles, tout compte fait. Vous vous imaginez, vous, être arrachés à la montagne ou à la falaise, et vous retrouver en plein milieu d'un mur, à l'état de brique, ou en plein milieu d'une place, à l'état de pavé ?

Vous vous imaginez, vous, en tant que montagne, en tant que falaise, être découpé, restructuré, réaligné, refaçonné, éparpillé un peu partout dans la ville ?

Vous vous imaginez, vous, ressentir... non, vous ne vous imaginez pas, vous, ressentir... ;
Vous n'avez pas les mêmes réflexes de pensée, les mêmes sentiments de départ. Et pour cause : vous n'êtes pas une montagne, vous n'êtes pas une falaise. Et, probablement, vous n'en serez jamais ; vos atomes iront s'y accrocher, quelques-uns, peut-être, mais vous, vous ne serez jamais la montagne, vous ne serez jamais la falaise. De là à penser comme elles...

Et puis, une autre raison qui fait que vous ne pouvez pas vous imaginer montagne ou falaise, c'est qu'il faudrait déjà que ces bouts de terre pensent, et s'il pensaient, qu'on les comprenne. Il y a du chemin.

Mais vous vous imaginez, vous, être au cœur des cités, entourer les gens de cette manière ? Vraiment, le peuple minéral a bien des avantages qu'il ignore.

jeudi 24 avril 2014

Des histoires en vrac... pour votre plus grand plaisir !

Bonjour... et bienvenue au blog de Jeanne, aussi connue sous le nom de Miel,
nouveau partenaire ☺ :
Histoires en vrac │ http://leshistoiresenvracdejeanne.blogspot.fr/

La description du blog par l'auteur elle-même en personne en exclusivité :

Histoires en vrac est un blog où je publie des critiques
des livres que j'ai lus, les textes que j'écris, vos textes, vos
critiques de livres, des infos sur les concours et les auteurs...
"Vous êtes fous de livres ? Fans de littérature ?
Alors ce blog est pour vous !"
Tentant, pas vrai ? ☺
(Tout à fait entre nous, si vous êtes tentés : foncez et cliquez sur les livres, juste là, en haut ↑)

Mon petit avis :
Vous adhérerez rapidement au style de Miel, simple, percutant et accrocheur ! Tantôt dénonçant le racisme avec son Journal de Mathis, tantôt vous emmenant dans un monde inconnu et mystérieux avec sa série Nil (21 chapitres au compteur actuellement), tantôt vous invitant à voyager dans les mondes d'autres auteurs de livres & de blogs, Miel saura (et sait déjà) vous surprendre & vous émouvoir... à coup sûr, un coup de cœur !
J'ai donc craqué pour :
  • le style, simple, attirant, percutant et accrocheur
  • les personnages attachants et émouvants
  • & en bonus, une présentation claire et jolie !

Vous aurez très certainement droit à des textes co-écrits d'ici quelque temps ! ☺
& profitez de ce blog ↑, retournez-y autant que vous voudrez, c'est un véritable bonheur ☺

lundi 21 avril 2014

Un martyr océanique

Pouah !
Ce goût âcre, bien crissant dans la gorge, bien brûlant comme il faut malgré sa froideur : l'eau de l'océan. J'ai dû choper quelques planctons au passage.

Tout n'est pas que rose pour les héros ! J'en suis la preuve.

Mais reprenons. Pas n'importe quel océan : un océan dont je ne connais rien et dans lequel ma présence n'est due qu'à l'absence de pitié de la part de mon créateur. Je dis que c'est mon créateur, car il peut me manipuler, mais en vrai je ne vous cacherai pas que je naquis de moi-même à l'intérieur de sa tête. Je ne sais ce qui lui a pris de m'envoyer là.
Je suis sûrement sur une planète océanique errante, en plus. Lui qui aime tant ces idées de voyage spatial transpose ses désirs sur bibi, bah oui, logiquement. Zut, ma vulgarité reprend le dessus alors que je voulais décrire en live mes émotions pour bien faire sentir à mon créateur (rappelez-vous ce que je vous ai dit ci-haut, mais n'en dites rien) qu'il fit preuve d'impunité en m'envoyant là-haut. Quoique...

Ça change, en vrai. Euh, en fait. Euh, malgré la froideur et l'aspect désagréable premiers de l'océan.
Je me retrouve face à de la lumière. Beaucoup de lumière. Je suis sur une planète océanique tournant autour d'une naine rouge, j'ai intérêt à profiter du spectacle car ce n'est pas tous les jours que je peux en voir, moi, des naines rouges. Eh oui, je suis un personnage lambda fainéant. Enfin, je suis le personnage lambda, quoi.

Je n'aurais pas dû crier pouah tout à l'heure, une quantité plus imposante d'eau salée en a profité pour s'incruster dans mon organisme et pèse à présent sur mon estomac. Une remontée en surface ne serait pas de refus ; espérons que cette planète errante ait une atmosphère terrestre et me permette de choper un peu d'oxygène.
Je suis attaché. Il fallait s'y attendre. Les mains, welly, pas de souci, ça peut faire partie d'un délire bizarre de mon créateur. En fait, les pieds aussi. Zut-au-berger ! Wouhou ! Quelqu'un ? J'évite de crier, bien sûr, mais je sens que je vais m'arrêter de respirer. Ça la fout mal. Euh, je veux dire, diantre, je vais décé... oh et puis flûte alors, non mais ça va quoi, j'ai le droit d'être vulgaire et puis c'est tout, en plus je crois que je vais caner dans pas longtemps.

Ça doit vous soûler, ou alors vous souhaitez que je meure. Sadiques que vous êtes ! Au pire, je ressusciterai.
Oh, cette lumière ! De plus en plus vive. Un peu de chaleur, mh, que de bonheur.

Mes pieds se délient. Il fallait s'y attendre, je ne pouvais pas mourir ainsi.
La remontée fut un supplice. Oh, j'admets que j'exagère un tout petit peu, il n'y eut pas de quoi crier de douleur non plus, mais un peu quand même, un tout-tout petit peu.

Rhaaa ! Orgasme des poumons. Je ne savais pas que c'était possible, avant d'être embarqué là-dedans.

Mais...
Rhaaa ! De douleur, cette fois. Comment décrire ce qu'il m'arrive ? Le verbe fondre est le plus adapté. Oui, je fonds. Mais pas vraiment. Comment dire ? Moui, disons que je fonds. Bon, allez, je me lance : c'est plus complexe qu'une fusion. Comme si... comme si... oui ! Comme si je me sublimais.

Oui, je me sublime. Oui, je sais. Où est la logique ? Mais je le sens, je deviens gazeux. Un gaz ionique plus précisément. Je ne cherche même pas à savoir si c'est scientifiquement possible, ni si ça peut avoir une logique, en fait. Je ne cherche même plus à comprendre mon créateur (rappelez-vous de ce que je vous ai dit, toujours discrètement bien entendu), m'est avis que lui seul peut se comprendre (mais chut), un peu comme moi en réalité.

Réalité ? Le mot réalité m'est venu ? Comment ? Je ne sais, mais... ce n'est pas la réalité. Ni même l'irréalité. Ni un rêve.
Cette scène n'existe pas, tout comme mon moi présent n'existe pas ! Ou alors je... , stop, un peu ! Un gaz n'est-il pas censé se diluer dans l'atmosphère, au lieu d'aller dans l'océan ?

Mon âme seule subsiste, mon corps a disparu. C'est malin, j'étais si beau... et orgueilleux (et fier de l'être !), mais surtout, que va-t-il se passer, c'est cela la question ! Car, comme vous en êtes tous avertis depuis votre plus jeune âge, dans une histoire, il doit se passer quelque chose, en permanence. Même quelque chose de plat.

Je lève la tête.
Mais je n'ai plus de tête, me rappelè-je. Comment vois-je ?

L'étoile explose soudain, mais je reste, les bras ballants.
Et j'admire. Je me prends le feu en pleine âme. Que c'est beau !
Et je retourne à l'eau, j'y plonge comme animé par un désir sans limite.
Et je souffre. Je m'en souviendrai toute mon irréalité. Indescriptiblement.

Ma conscience passe soudain, sans transition, à une plage froide, le visage collé contre le sable glacé, un feu s'éteignant à deux pouces de mes cheveux. Un coup d’œil à ma montre : minuit pile. Plein milieu de la nuit. Ce n'était pas un rêve, je le sais.
Ce ne pouvait être un rêve. Qu'était-ce ?
Son imagination me perdra.