dimanche 30 août 2015

Reprise de service.

Le personnage lambda a envie de reprendre du service.

J'étais posé, tranquillement, sur un toit bétonné, et je me posais des questions.
Existentielles, les questions. Il faisait nuit, d'ailleurs il fait toujours nuit ici, puisque je le décide.

Assis, donc, sur ce toit. Questions.

La fraîcheur de la nuit. La droiture de mon costume, enfin de ma veste de costard. Elle est belle, cette veste. Un peu argentée. Comme ma DS Lite. Je l'avais mise la première fois que je m'étais incrusté dans une soirée. La veste, pas la DS Lite. Vous auriez vu la tête des gens ! Pas du tout stupéfaits.
Bien simple : ils ne me voyaient pas. Je suis celui qui leur donne corps.

Moi, quand on ne sait pas ce que je fais, je peux être n'importe où. Soirée, rêve, café. Même à minuit, même à 2 × minuit. À danser, courir, siroter. Mais pas au hasard. Les dés sont pipés. Il ne faut pas violer les lois de la physique. Les points ne peuvent pas s'entremêler.

C'est quantique mais rationnel. Pas de 2,5. Ni de 42,74.

Je patrouillais, sur ce toit.

J'avais en tête des molécules à faire bouger, des synapses à activer. À réactiver plus exactement.
J'avais en main une matraque dorée.

Surveiller est un métier à part entière. À entières responsabilités.

Mais la responsabilité est agaçante, elle est plus fun quand on s'en débarrasse. Un coup d'instrument métallique sur sa sale caboche, et hop ! Disparue.

Jongler avec les conventions.

Dans cette nuit sans fin, il fait tout de même jour, mais à certains endroits. Endroits privilégiés ? Non pas. La nuit est bien plus apaisante. Le jour est agité mais monotone. La nuit est stagnante mais variée. Il faut savoir choisir. Élire le meilleur, et le meilleur pire.

Au pire on se trompe, et on rallume la lumière après.

Pour que quelqu'un se tape le luxe de ne pas créer, il faut que quelqu'un crée.
C'est la loi.

Alors je crée, pour la postérité.

Écrins, laissez-vous saisir !
Je saurai vous orner.


Créativement,
Le personnage lambda.

mercredi 5 août 2015

... Vraiment ?



Tout a commencé par cette étoile
Perdue dans un vide

Tout a commencé, très magistral,
Par un mix d’acides

Tout continua, roches et astres,
Tout continua par l’expansion,
Ce qu’on nommerait désastre
Si ça n’avait permis nos noms.

Puis arriva le plus beau,
Quelque chose d’intéressant,
La création de l’eau,
La création du feu, de la terre et du vent,

Puis de la Vie sur Terre,
Dont le créateur est fier.

Vinrent donc les plantes et les animaux,
Et enfin l’Homme, ce jeunot,
Qui tient la Terre en respect
Depuis des tas d’années.

... Vraiment ?

mardi 2 juin 2015

Nothing lasts forever —

On m’a spoilé la vie des dizaines de fois
Et je m’apprête à faire la même chose avec toi —


Nothing lasts forever —


Et les amis – les vrais – se comptent sur le bout de tes doigts —


Nothing lasts forever —


Oh, et tu dois accepter :
Le soleil va se gaver de toi dans des millions d’années

Ce que tu as construit
Va n’être
Que suie
Dans le vide systémique —


Nothing lasts forever —


Tes papiers brûleront – Les cerveaux pourriront
Les emoji iront, piégés dans les serveurs,
Griller comme des fleurs
Jetées au barbecue —


Nothing lasts forever —


Tes tranches
De vie – De rire
Seront fumées
Par l'onde astrale —


Nothing lasts forever —


N’aie pas peur, carpe diem, tes mots auront
Peut-être
Une résonnance
Avant de disparaître —


Nothing lasts forever —


Les astres cligneront de l’œil ―
Et ce sera fini ― Et ce sera poussière
Même la poussière rôtira
Alors la belle affaire —

Peace and love, mes frères !

— Nothing lasts forever.

lundi 9 mars 2015

Tout ou rien

À l’heure où il faut faire un choix,
On zappe des milliers de textes,
De possibilités –
– Il faut en évincer.

Évincer la laideur, et parfois le superbe.
Faire d’un rien un tout, parfois d’un tout un rien.
Mais on ne savait pas ce que rien n’était rien,
Que ce tout était tout.

Ce rien nous rend alors le plus heureux des êtres,
Il a donc forcément quelque chose d’un tout.

Zappez, changez d’adresse, et changez-en encore ;
Brouillez les sources,
Nous reviendrons toujours vers ce tout-premier rien.
Rien n’aura plus que lui la saveur du bonheur.

À moins que ce rien-là perde sa belle aura.
Mais tu sauras la relever
Si tu en as envie.

Ce sera tout ou rien –
– Il faudra faire un choix.

samedi 7 février 2015

Lambeaux de verre

À l’aise dans son fauteuil, Smith tenait sa flûte à champagne comme on tient une épée, fièrement et redoutablement. Il battait tout le monde en ingestion de champagne. Il le buvait délicatement, mais sans faire un nombre incalculable de manières, et tout en gardant une dignité maîtrisée, virile et à la fois si raffinée. Cependant, l’évènement suivant le mit en incapacité de le boire ainsi, voire de le boire tout court. Fâcheux, mais réel.

Pour une raison inconnue, le ferry bascula. C’est alors que Smith, qui s’apprêtait à s’humecter les lèvres du nectar sacré – pour un être humain normalement constitué – qu’est le champagne, s’aperçut que sa flûte commençait à se fêler verticalement, comme si un objet au poids considérable – et à la lenteur exagérée, au vu du temps qu’elle mit à se briser en fins lambeaux de verre – l’eût frappée de front. Smith s’écria alors « Mais le verre n’a rien cogné, c’est absurde ! », avant d’amorcer un éclat de rire tout aussi distingué que sa chemise et sa cravate, toutes deux en soie fine. Son valet, pris d’un élan de sympathie, voulut le prévenir, et il aurait fallu qu’il le prévînt quelque peu plus tôt.

Un lambeau de verre humecté de champagne entra dans la digne bouche de Smith, lui raya violemment le palais, avant de ressortir de l’autre côté de son crâne. On vous épargnera le fabuleux voyage à travers la glande pinéale, et l’arrachement d’un bout de cervelle ainsi que son atterrissage poignant dans une plante verte[1].


jeudi 29 janvier 2015

Rose sinueux

Vu sur : http://inferrance.tumblr.com
Du rose s'insinue bien sinueusement
Au gré de la forêt qui l'accueille aisément
Les pins et les sapins - ou sont-ce des bruyères ? -
Aiment cette couleur qui embrasse leur vert.

samedi 20 septembre 2014

Le monstre serein

http://dmt-guru.tumblr.com/post/78016488131

C’est un monstre serein
Il sait qu’il ira loin
Car tout ce qu’il contient
Çà, pour sûr, il le tient !
Mais c’est aussi un dieu
Qui prend ça pour un jeu
Ou un enfant qui ne
Sera jamais sérieux.
Il est imprévisible,
Bizarre et chaotique,
Et, mieux, bien qu’invisible,
Son emprise tactique
Nous touche, nous agrippe
Il n’hésiterait point
À jeter dans nos tripes
À planter dans nos mains
Son harpon de lumière
Apte à éclater l’air

mercredi 27 août 2014

Un détail

— Un détail ! — Quel détail ! — Quel détail ?

Une phrase, un soupir, un mot doux susurré via de durs satellites, qui se fichent pas mal des sentiments qu'en rêve on aime à voir, qui vous fichent la paix et vous demandent alors de bien y réfléchir... car un jour, vous serez un adulte, et le dur satellite vous fichera mieux et se fichera mieux des sentiments rêvés... et vous voudrez alors, comme à l'adolescence, qu'ils soient vérités... trop plonger dans des films, c'est bon pour le moral et ça caresse l'âme, mais certains font mieux : y'a les livres, déjà, et les sacrés baisers qui signent tout un tas de trucs jamais osés.

Et le dur satellite, bien là-haut, vous fiche un de ces regards froids, mais votre cœur est chaud, réchauffé d'un détail...

— Quel détail ? — Quel détail !
Une phrase, un soupir... un mot doux susurré via un dur satellite...

Et ce détail soudain n'en est plus vraiment un... il prend pour lui un sens que d'autres choses avaient, et d'un coup c'est pour nous une réalité.

On sourit, satisfaits, on regarde le ciel et les durs satellites... Un détail ! Quel détail !